Jusqu'au dix-neuvième siècle, Gaza a constitué un point de passage obligé au sein de ce que Fernand Braudel avait appelé "l'économie-monde" ottomane. C'est ici cette période que Philippe Bourmaud, maître de conférences en histoire contemporaine à l’université Jean Moulin Lyon 3, nous propose d'étudier au sein de cette conférence qui s'est déroulée, le 5 mai 2025, à l'université Paris 1 Panthéon-Sorbonne.

À la fin de la période ottomane, une succession de mutations a changé la position de Gaza dans l'économie et dans le dispositif administratif de l'Empire, à savoir :

• la libéralisation du commerce,
• l'adoption d'un code foncier encourageant l'agriculture commerciale,
• la séparation de Gaza de l'Égypte par la colonisation britannique,
• le tracé d'une frontière aux accords de Taba (1906),
• la création d'une frontière administrative destinée à enserrer les populations bédouines du sud de la Palestine.

Toutefois, la ville maintient sa position économique en se transformant en ville-frontière tout en conservant un réseau de relations qui permet à sa notabilité de se faire entendre des autorités en Égypte et à Istanbul. La croissance de la ville est intensifiée par la décision d'élites locales de faire construire un quai portuaire, une route entre le port et la ville et un hôpital. Ce plan, en bonne partie réalisé, témoigne de la force des mobilisations civiques dans la ville et son arrière-pays.