Cette séquence propose une analyse des multiples contraintes auxquelles est confronté l'action sanitaire en détention, avec des interventions de Frédéric Le Marcis, Marie Morelle, et le Dr Karim Traoré.
A l'échelle internationale, les bailleurs privilégient l'intervention sur les pathologies à potentiel épidémique au détriment de problèmes récurrents mais n'ayant pas ou peu de potentiel épidémique (malnutrition, maladies de peau, santé mentale). Dans un contexte de ressources limitées, la légitimité de programmes de santé à destination des détenus est mise en cause au profit de la population générale. Les discussions mettent en lumière les contraintes et les défis liés à la mise en œuvre de politiques sanitaires progressistes pour les populations carcérales, souvent perçues comme socialement illégitimes. La légitimité des dépenses pour les détenus est souvent remise en question au sein de la population générale, rendant politiquement coûteux tout investissement significatif dans leur santé. Les conséquences sanitaires de cette illégitimité sont graves. Les détenus socialement désaffiliés, sans soutien financier ou visites, dépendent des ONG ou de l'administration pour leurs soins, souvent insuffisants. Les rations alimentaires en prison sont de faible qualité, entraînant des carences alimentaires et des pathologies associées, comme le béribéri et diverses affections cutanées.
La santé en prison doit être envisagée non seulement à travers des données épidémiologiques, mais aussi en prenant en compte les relations de pouvoir et les politiques internes à la prison. L'infirmerie, par exemple, devient un lieu de trafic et de circulation de ressources, au-delà de sa fonction de soins. Un des défis majeurs est d'assurer la continuité des soins pour les détenus, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur de la prison. Les agents de santé doivent s'assurer qu'un détenu puisse continuer son traitement après sa libération.
Enfin au sein de la prison, la santé est porteuse de multiples valeurs, elle est l'objet d'une variété de pratiques plus ou moins favorable à l'offre et à la production du soin. La transformation des conditions de santé carcérale dépend de la volonté de l'État de reconnaître la légitimité des détenus et de réformer les pratiques de soins en prison. Cela implique non seulement des changements législatifs, mais aussi une transformation des perceptions et des attitudes envers les populations carcérales.
Tags: afrique detenus legitimite politique prison reforme sante soins traitement
Infos
-
Hugo Mathey (hmathey)
-
- Marie Morelle (Speaker)
- Frédéric Le Marcis (Speaker)
- Karim Traore (Speaker)
- Oct. 31, 2018, 12:20 a.m.
- courses video
- French