1.5. Ebola : le modèle du confinement au-delà de la prison

18 décembre 2018
Durée : 00:11:41
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Cette séquence s’intéresse aux centres de traitement créés en Guinée dans la lutte contre Ebola. Les CTE sont des lieux de quarantaine destinés à isoler les personnes atteintes d'Ebola pour casser les chaînes de transmission du virus. Ces centres, bien plus que des centres de soins, sont des espaces de confinement contrôlant le risque épidémiologique. C'est là que réside le paradoxe des CTE, qui combinent une promesse de soins avec une pratique de contrôle, souvent dominée par cette dernière logique.  Pendant l'épidémie, toute personne présentant des symptômes généraux était envoyée dans ces centres pour dépistage, ce qui incluait des campagnes de ratissage forcé, créant une logique de triage des vies jugées dangereuses pour protéger d'autres vies. Néanmoins, il ne faut pas oublier que les patients y ont été traités non comme des êtres humains mais comme des corps. Les CTE sont comparés aux prisons, notant des similitudes dans l'architecture fermée et la redéfinition des personnes dès leur entrée, rappelant l'expérience de mortification décrite par Erving Goffman. Les patients dans les CTE subissent une déshumanisation, étant réduits à des corps toxiques à gérer, nourrir, laver et habiller, sans droits politiques ou sociaux. 

Leur forme, celle des camps, n'est pas inédite en Afrique : l'enfermement est le modèle de gestion des épidémies à l'époque coloniale. Ces dispositifs ont surtout empêché le virus de sortir du continent africain même si les efforts de la communauté internationale ont aussi permis à des gens de survivre. Les CTE sont inscrits dans l'histoire de la dévaluation de la vie noire, remontant aux politiques esclavagistes et coloniales. Ces centres ont sauvé des vies en empêchant la propagation du virus hors d'Afrique, mais en traitant les patients comme des corps plutôt que des êtres humains, révélant ainsi la persistance de la ségrégation raciale et politique contemporaine. Comme avec la prison, aujourd'hui, on ne peut plus faire l'économie de se poser la question de la légitimité de ces lieux. 

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